Samedi 17 mai 2008

 

3- Soirée Théâtre + débat

Spectacle : La grande ceinture

A partir de 20 h.
(Libre participation aux frais.)

Pour visiter le blog du Théâtre du Puzzle, cliquer ici.

Co-production : Théâtre du Puzzle / Compagnie Zigzag
Jeu : Hélène Duchêne, Pascal Marchand
Direction d'acteurs : Danielle Latroy-Fuster

"Année 2035 : un monde gangrené par la violence.
Les plus pauvres, les exclus, peuplent le centre ville déserté. C'est le royaume de la ZND, la Zone de Non Droit, zone abandonnée par la police et les services sociaux. Les gangs y règnent en maîtres. L'ancien boulevard périphérique de la ville est devenu une autoroute à péage où les aires de repos sont à présent des quartiers d'habitation sécurisés pour ceux qui ont le privilège d'avoir un travail. C'est la Grande Ceinture, cercle de bitume barricadé, surveillé par une police spéciale militarisée : la Garde Autoroutière. Au delà de cette limite s'étendent les Grandes Banlieues, ZND de longue date. Beaucoup plus loin encore, les Zones Rurales, protégées par des grillages électrifiés.

La grande ceinture

C'est dans ce monde que vivent Maureen et William. Ils logent dans une petite maison sur la Grande Ceinture. Ils ont échappé récemment à la ZND du centre ville depuis qu'elle fait des ménages sur les aires du boulevard périphérique. Lui trouve des petits boulots dans les zones industrielles situées près des péages de l'autoroute. Par économie, il traverse tous les jours la ZND.
Leur quotidien c'est la peur d'être agressé, d'être au chômage, mais c'est aussi le rêve de quitter la ville pour une zone rurale, ou encore de décrocher un CDI qui permettrait de payer le péage de la grande Ceinture protégée par la police. Entre précarité et volonté de s'en sortir, chacun se débrouille et trouve ses solutions propres pour survivre dans ce monde absurde. L'amour qui unit ce couple connaîtra ses premières fêlures."

 

 

 

Débat :

Réflexions sur l'exclusion.

Un excellent article sur le blog du Théâtre du Puzzle fait le compte-rendu de cette journée ; pour le lire dans son contexte original, cliquer ici. Il est également copié ci-dessous :

"Pour un formidable moment, ce fut un formidable moment ...

... autant dans le contenu que dans le processus. Dans le cadre du 5ème Forum Social Local de Dijon à la MJC des Grésilles, La Grande Ceinture y a trouvé une place à la mesure de l'interrogation sur ce qu'il reste des espoirs nés de Mai 68, sur l'avenir incertain voire inquiétant qui s'annonce (problèmes économiques, sociaux, écologiques, aussi religieux, etc ...).
D'abord a eu lieu une table ronde sur l'héritage de Mai 68 pendant laquelle ceux qui l'ont vécu jeunes ou tout jeunes ont pu se remémorer ce qu'a été Mai 68 pour eux. Jeunes cheminots de cette époque, jeunes enseignants, postiers, personnel de maison, ouvriers, étudiants. Ils étaient à Dijon, dans les Vosges, à Paris, ou ailleurs. Ils ont participé à ce mouvement ou l'ont vécu totalement de l'extérieur. Au travers de leurs divers témoignages, à la lumière de ce que l'on sait du contexte historique de cette époque, c'est toute une page d'histoire individuelle et collective qui s'est déroulée cet après-midi du 17 mai 2008. Pour ceux présents dans la salle et qui n'étaient pas nés à cette époque, ce fut l'occasion de mettre en lien leur (relativement jeune) expérience de vie avec les traces que Mai 68 a laissées, de comparer l'évolution des acquis, des accords depuis une époque pleine d'espoirs jusqu'à nos jours où la morosité semble généralisée.
Ce passé a servi de base d'appui pour poser les questions qui agitent notre société de ce début de XXIème siècle. Chômage, précarité, pauvreté, exclusion sociale, repli sur soi, etc ... Et de s'interroger sur une époque où le chômage de longue durée n'existait pas, où la population commençait à vivre avec plus de confort, où l'inflation n'atteignait pas de records ; et pourtant il y a eu Mai 68.
En mai 2008, le chômage et la précarité sont des réalités bien ancrées dans le quotidien d'un nombre important de personnes, la hausse des prix, une paupérisation de plus en plus importante de la population, des perspectives d'avenir relativement sombres, y compris au niveau de l'environnement. Pourtant, pas de mouvement de grande ampleur comme 40 ans auparavant. Pourquoi ? C'est la question qu'ont posée certains intervenants.

Dans le spectacle qui a suivi, La Grande Ceinture, par le biais de l'art, a posé l'ensemble de ces questions ... certes dans un monde urbain indéterminé en 2035. Si notre réalité quotidienne n'a pas encore atteint le degré extrême de l'univers décrit dans la pièce (heureusement !), certains aspects pointent déjà leur nez avec beaucoup d'acuité. Et c'est cela qui est inquiétant.
Le contexte et le travail de la troupe évoluant vers plus de dureté dans le jeu et dans le rapport entre les deux personnages ont donné une tension supplémentaire à l'histoire et une densité plus grande au propos. Cette énergie nouvelle a permis plus de fluidité dans le jeu, et mis en avant avec plus de clarté les dérives possibles d'un monde dans lequel chacun vit uniquement pour soi. La pièce a été très bien reçue par le public. Les retours (nombreux) allaient dans ce sens.

 

Débat après la pièce

 

Le débat qui a suivi la pièce a été particulièrement riche. L'histoire des deux personnages a servi de vecteur à un nombre important d'interventions qui, comme dans les précédents débats, ont évoqué l'isolement de William et Maureen, leur manque de perspectives d'avenir, l'angoisse générée par le monde dans lequel ils vivent (quelqu'un a même mis en lien la pièce avec le film "Soleil Vert"), aussi la mort comme environnement toujours possible.
Une grande question a dominé le débat : le délitement du lien social et la tentation de repli sur soi pour trouver des solutions individuelles à ses difficultés. Cette question a servi de porte à de nombreuses remarques sur la perte de dignité de l'être humain (et pas seulement en France), sur une forme de fatalité ressentie face un monde qu'on ne pourrait pas changer. Le manque de perspective d'avenir et l'angoisse qui émerge de la pièce mettent en lumière l'inquiétude du spectateur-citoyen dans son propre monde. Alors, des espoirs sont évoqués dans le débat, en partant des petites flammes de vie du couple de personnages de la pièce : l'envie de campagne, comme pour rebâtir une autre vie (parabole d'un changement de monde), le rêve d'enfant, leur amour plus fort que la violence qu'ils subissent, le livre qu'ils ont écrit ensemble. Là, il est question de lien et de culture. Et s'est posée logiquement la question : comment tisser à nouveau du lien entre les gens pour trouver des solutions collectives qui correspondent aux humains, nés, comme l'a rappelé l'un des intervenants, pour vivre en société, donc ensemble. Car il apparaissait clairement que, face aux dérives du monde actuel, ce n'est pas seul qu'on peut trouver des solutions.
La représentation de la pièce comme vecteur d'un débat, les perspectives possibles de rencontres, d'animation et de création entre jeunes et plus anciens, entre populations de quartiers différents, de modes de vie différents, un questionnement collectif sur le monde dans lequel on vit. Le plaisir de se rencontrer, l'importance de ne pas mettre des frontières partout, même à l'intérieur d'un même pays, d'une même ville, d'un même public. C'est dans ce sens que l'espoir pour un monde meilleur s'est exprimé, en plaçant la dignité et l'humanité au centre des préoccupations de base du lien entre les êtres.

Ce fut une belle journée où, des craintes pour l'avenir, ont pu émerger des espoirs d'humains pour des humains. La Grande Ceinture a de nouveau joué son rôle citoyen où le lien social est au coeur des questions du monde."

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